Tony Parker nouvelle légende du sport

Tony Parker était l’invité du Musée National du Sport le vendredi 9 juin. Après Michel Platini et Marie-José Pérec, il est devenu à son tour « Légende du Sport ».

© Photo : Cyril Dodergny Nice-Matin

 

 

Tony Parker est le premier basketteur français à avoir conquis l'Amérique, le pays du basket. Après des débuts prometteurs dans le championnat de France, il est drafté en 2001 par les Spurs de San Antonio, club avec lequel il sera sacré champion NBA à quatre reprises. Sélectionné six fois au All-Star Game, il est également le premier joueur européen récompensé par un titre de MVP (meilleur joueur) des finales NBA (2007).

 

Meneur et véritable star de l'équipe de France, il a porté les Bleus jusqu’au titre de champion d’Europe en 2013. Il est, de par ses statistiques et son palmarès, considéré comme le meilleur basketteur français de tous les temps.

 

Le 12 août prochain, TP fera son entrée au Hall of Fame, le Panthéon du basket américain...

 

   

 

Une masterclass exceptionnelle devant 900 personnes

 

Le Musée National du Sport a souhaité rendre hommage à cette carrière exceptionnelle en le consacrant en tant que "Légende du sport", distinction honorifique, réservée aux plus grands sportifs français de l'histoire. Il rejoint ainsi Michel Platini et Marie-José Pérec, précédemment honorés.

 

Après avoir reçu son prix au Musée National du Sport, Tony Parker s'est livré comme rarement lors d'une masterclass animée par David Cozette dans le splendide Opéra de Nice.

 

Une heure trente d’échanges passionnants et inspirants durant lesquels il a dévoilé les secrets de son immense carrière devant près de 900 personnes, de toutes générations, qui ont également pu poser des questions à la nouvelle légende du sport du Musée National du Sport.

 

Une journée d’hommage remplie d’émotion et ô combien méritée pour ce champion d’exception.

 

  
 


Discours de Vincent Duluc, Président du Musée National du Sport et Grand Reporter à L'Equipe

 

Mesdames et Monsieur, bienvenue au Musée National du sport, sous ce mur des légendes qui est la raison de notre présence, ici, cet après-midi. Nous définissons volontiers cette distinction et cet endroit comme un Hall of Fame à la française, et c’est une définition que l’on n’aura pas besoin de traduire pour notre légende du jour, qui entrera l’été prochain au Hall of Fame du basket, à Springfield, un honneur que la France sportive a parfois du mal à mesurer. Nous avons insuffisamment la culture du sport, et imparfaitement la culture de l’hommage.

 

Nous sommes, aussi, dans une époque où les voix se confondent, où les superlatifs s’emploient sans mesure, une époque qui a parfois la mémoire courte. Le Musée National du Sport, lui, veut avoir la mémoire longue, c’est son essence et sa vocation. Nous ne sommes pas seulement la mémoire des champions, nous sommes un musée de société, qui a des visées et des missions plus larges, ce que rappellera notre directrice, Marie Grasse, tout à l’heure. Mais le mur des légendes qui se dresse dans ce hall veut distinguer les traces les plus belles et les plus profondes ancrées dans notre mémoire collective. Nous avons distingué Michel Platini, qui a changé le sens du football français en le remettant sur la carte du monde, qui aura été responsable d’une partie de notre bonheur collectif dans les années 80, et dont la vie aura été un destin rare. Il y a un an, nous avons eu l’honneur et le plaisir de recevoir, ici même, Marie-José Perec qui reste encore et toujours La réponse à la question "Quelle est la plus grande championne française de tous les temps?".

 

Apprenant que Marie-Jo Perec l’avait rejoint au mur des légendes, Michel Platini m’a passé un coup de téléphone et m'a lancé: " Dis-moi qui est-ce qui décide pour votre truc ?". Je lui ai répondu que c’était nous avec Marie Grasse, avec Thomas Fanari la cheville ouvrière de cet événement, et que c'était aussi un sujet de conversation qu'on avait régulièrement avec de nombreux autres acteurs et observateurs du sport français. C'est toujours un bon sujet de conversation à table: si on fait un top 10 des plus grands champions et championne de l’histoire du sport français, qui on met ? Michel Platini a poursuivi, ce jour là : « ce qu’il faudrait c’est demander au champion et championne que vous avez honorés de désigner celui ou celle qui va lui succéder. Cela donnerait encore plus de valeur à cette récompense." Donc on lui a soumis le nom de Tony Parker, et c’est l’avantage: il n’y a pas eu de débat. Mais Platoche a ajouté, aussi, qu’il avait beaucoup aimé la masterclass au Théâtre National de Nice, et qu’il avait découvert ce soir là, qu'il savait raconter des histoires.

 

Ce mur des légendes va s’agrandir, aujourd’hui, avec l’intronisation du plus grand joueur de l’histoire du basket français. Tony Parker, comme tous les championne et les champions d’exception, a creusé un sillon multiple. On peut décrire sa gloire et sa trace par le palmarès, ses quatre bagues de champion NBA en 2003 en 2005. 2007 et 2014, son titre de MVP des finales en 2007, ses six sélections All-star, ses 17 saisons aux San Antonio Spurs, ses 181 sélections en équipe de France : ce n’est pas un palmarès, c’est une vie ! Mais si le palmarès distingue les champions des sportifs ordinaires, il n’est pas la seule trace qui reste lorsque leur carrière s'arrête. Nous avons passé 20 ans à nous lever la nuit, au moins pour les play-off et les finales, pour voir un meneur de jeu français défier la NBA du haut de son 1,85m, se couvrir de gloire et ne jamais le faire à son seul profit, ce qui est l'essence d'un meneur de jeu, et ce qui est encore plus le sens d’un meneur de jeu des San Antonio Spurs sous le règne de Gregg Popovitch. Tony Parker a conquis la gloire et la NBA sans jamais tirer la couverture à lui et cette couverture aurait été assez large pour que Tim Duncan et Manu Ginobili forment avec lui un Big Three, ce qui suggérait qu’il n’y avait pas une star dans l’équipe, ou alors qu'il y en avait trois, ou alors que la star était l’équipe.

 

Il y a toujours une émotion pour les passionnés du sport à l’idée de suivre des exploits venus de l’autre bout du monde ; l’émotion vient de l’éloignement, de la conquête d'un territoire nouveau, d’un feuilleton qui soudain s’installe, incarné par un personnage familier, match après le match, saison après saison, une victoire après l’autre. Mais le palmarès et la mythologie de la NBA ne suffisent pas à dire complètement les traces laissées par Tony Parker, dans notre imaginaire, et sa responsabilité, parfois, dans notre bonheur collectif. Nous avons aimé, tous, le spectacle de ce meneur de jeu qui a su inventer d’autres armes pour dominer les très grands de ce monde et les rouler dans la farine, en faisant les choses à une vitesse qu’on n'avait jamais vue, en inventant un shoot en flotteur qui lobait les bras des géants, et en réinventant son shoot pour être une menace partout sur le terrain. Tony Parker a été plus qu’un joueur parce que le talent n’aurait pas suffi, il a été plus qu’un joueur parce qu’il lui a fallu réunir son éthique de travail et son intelligence pour grandir et durer dans un monde impitoyable, et il est aujourd’hui plus qu’un joueur à présent qu’il ne l’est plus, et qu’il rend au basket français ce qu'il lui a donné, à travers son investissement à l'ASVEL, et dans son Academy. Nous sommes fiers, aujourd’hui, de faire de Tony Parker une légende du sport.