Parlons boxe

A l’occasion de l’exposition temporaire « L’appel du ring », découvrez Parlons Boxe, la chronique mensuelle de Claude Boli, responsable scientifique du Musée National du Sport. Des victoires légendaires en passant par les destins les plus sombres, jusqu’aux influences diverses, vous saurez tout sur le « Noble art » !

 

Le cinéma entre sur le ring  

Le coup de foudre est immédiat. La rencontre entre le cinéma et la boxe a lieu au crépuscule du XIXe siècle. Ainsi, la modernité met en lumière l’un des jeux les plus anciens. Depuis, aucun sport n’a livré autant de films (plus de 500 référencés). Pourquoi ? La raison est d’abord technique. La boxe s’adapte parfaitement avec la mise en image cinématographique : terrain restreint (le ring), temps règlementé (les rounds), rôles bien identifiés (arbitre central, entraineurs, soigneurs). Ensuite, peu de sports peuvent se vanter d’évoquer autant la vie. La discipline offre toute la palette de la condition humaine: solitude, peur, courage, vice, intelligence, orgueil… La boxe concentre les sentiments partagés par tous.

 

En 1894, Thomas Edison, l’un des pères fondateurs du cinéma, flaire le bon coup et commercialise deux courts-métrages : Leonard-Cushing Figft et Corbet-Courtney Before the kinetograph. Le cinéma muet s’y intéresse avec des duels qui s’accompagnent de situations comiques, burlesques et irréalistes. Les vedettes telles que Max Linder (Combat de boxe, 1910), Charlie Chaplin (Charlot boxeur, 1915), Buster Keaton (Le dernier round, 1926) s’emploient à utiliser les poings pour les comédies.

 

Extrait de Charlot boxeur réalisé par Charlie Chaplin en 1915

 

Quelques décennies plus tard, aux Etats-Unis, le film noir, dans lequel l’univers du crime organisé est omniprésent, pénètre le ring. La mafia rode autour des boxeurs. Nous avons gagné ce soir (1949) de Robert Wise montre la boxe des « loosers » et les personnages véreux qui la nourrissent. Plus dure sera la chute (1956) de Mark Robson aborde de plein fouet le racket.

 

Le récit du boxeur tourmenté est source d’inspiration pour les réalisateurs et un tremplin de popularité pour les acteurs. Toutes les stars du cinéma US d’hier et d’aujourd’hui ont voulu incarner Le boxeur: Errol Flynn (Gentleman Jim, 1942), Kirk Douglas (Champion, 1949), Paul Newman (Marqué par la haine, 1956), Robert De Niro (Raging Bull, 1980), Denzel Washington (Hurricane Carter, 1999), Brad Pitt (Snatch, 2000), Will Smith (Ali, 2001). Michelle Rodriguez (Girlfight, 2000) et Hilary Swank (Million Dollar Baby, 2004) donnent un sacré coup de projecteur à la boxe au féminin.

 

Le cinéma français ne reste pas « hors du ring ». Les « monstres » du 7ème art attendrissent le grand public avec un rôle de boxeur ou d’entraîneur : Jean Gabin (L’Air de Paris, 1954), Alain Delon (Rocco et ses frères, 1961), Jean Paul Belmondo (L’ainé des Ferchaux, 1963), Gérard Depardieu (Vincent, François, Paul et les autres, 1974).

 

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1. Affiche du film Plus dure sera la chute, 1956 - Coll. Musée National du Sport
2. Photographie du film L’Air de Paris avec Jean Gabin, 1954 - Coll. Musée National du Sport

 

Qui n’a jamais entendu parler de Rocky ? Immense succès planétaire d’une série de films qui marque à jamais les liens entre cinéma et boxe. Rocky débute en 1976 et se poursuit jusqu’en 2018 ! Quand le scénariste et comédien Sylvester Stallone crée et incarne le personnage de Rocky Balboa, il est loin d’imaginer que l’histoire d’un boxeur poids lourds de seconde zone qui devient champion du monde à force de persévérance rentrera dans la légende du cinéma. Le succès du film vient en partie d’une parfaite connaissance de la boxe de Sylvester Stallone et du réalisateur John G Avildsen du cinéma hollywoodien qui émeut le public mondial. Ils ont été capables de révéler le mythe de la réussite, de sublimer les émotions avec des incroyables scènes de combats, et de valoriser les personnages secondaires (le vieil entraîneur). Rocky, c’est plus qu’un film, il représente un travelling des portraits du peuple américain.

 

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1. Gant Rocky réalisé par l'artiste C215, 2021 - Coll. Musée National du Sport
2. Vue de l'exposition "L'appel du ring" au Musée National du Sport, 2022