PARLONS BOXE

A RETENIR

A découvrir dans l'exposition "L'appel du ring"

Adrienne Jouclard : la touche féminine de la boxe

Imaginons cette professeure de dessin en école primaire, au charme discret, de petite corpulence, vêtue de couleurs sobres, qui sillonne les mythiques salles de boxe parisiennes (Palais des Sports, Wagram, Central Sporting Club) où souffle le parfum de la virilité assumée. Ainsi, dans les années 1930, Adrienne Jouclard (1882-1971), originaire d’Onville (Lorraine) a livré à travers des dizaines de dessins et peintures, une œuvre remarquable et singulière sur l’univers de la boxe avec un trait marqué pour les combattants.

 

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1. Portrait d'Adrienne Jouclard (photo DR)
2. Match de boxe, A. Jouclard, papier, pastel et crayon noir, Années 1930 - Coll. MNS

 

Première femme à convoquer la scène sportive en posant une extrême attention sur l’anatomie et la chorégraphie du corps en action. Dotée d’un parcours artistique le plus classique : formée à l’Ecole de Beaux-arts de Paris, expose au Salon des Artistes Français, représente la nature morte, le monde paysan, les scènes maritimes, les paysages d’Onville... Elle change de direction en trouvant dans le champ sportif un terrain idéal pour évoquer son goût pour le mouvement. Le corps sportif constitue sa source d’inspiration. Certainement marquée par la résonance sociale et populaire du sport durant les années 1930, avec notamment une place particulière des champions de boxe dans les médias (presse écrite, radio), Jouclard décide de représenter la chair sportive dans toute sa splendeur. Elle s’impose comme l’artiste exceptionnelle de « l’art sportif », et connaît une notoriété dans son milieu et en dehors (décorée de la légion d’honneur en 1930). En 1932 et en 1948, elle compte parmi les artistes français qui participent aux concours d’art des Jeux Olympiques. Pendant plusieurs années, elle « foule les terrains » du sport en signant de fascinantes scènes de duels d’escrime, d’aviron, de joueurs de hockey sur glace, de matchs de rugby et de football ou de courses de chevaux...

 

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1. Escrime au gymnase Huyghens, A. Jouclard, peinture à l'huile, Années 1930 - Coll. MNS
2. Rugby à Jean Bouin, A. Jouclard, peinture à l'huile, Années 1930 - Coll. MNS

 

La boxe est la discipline où son art de décrire les postures du corps sportif se révèle d’une façon bouleversante. Son coup de pinceau transpose les attitudes des boxeurs en véritable théâtre d’une incroyable richesse artistique. L’œuvre pugilistique d’Adrienne Jouclard reproduit avec précision les gestes les plus significatifs de la boxe : direct du droit, corps à corps, esquive, position d’attaque... Elle magnifie le Noble art, en détaillant à merveille les phases de jeu et surtout les contours morphologiques des corps en mouvement. Dans l’art pugilistique de Jouclard, chaque geste du boxeur met en effervescence l’ensemble du corps (dos, jambe, genoux, bras de défense, tête, poitrine). Les « corps au combat » des vedettes de l’époque Panama Al Brown, Kid  Chocolate sont sublimés. Marcel Thil, multiple champion du monde dans la catégorie des poids moyens et  surtout l’un des sportifs français les plus adulés pour sa vaillance sur les rings devient son modèle préféré. Jouclard croque formidablement la posture distinctive et l’impressionnante constitution de Thil lors de différentes rencontres avec de redoutables adversaires (Kid Tunero, Carmelo Candel, Odonne Piazza) au Palais des Sports ou à Roland Garros.

 

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1. Les boxeurs, A. Jouclard, peinture à l'huile, Années 1930 - Coll. MNS
2. Marcel Thil et Candel à Roland Garros, A. Jouclard, Dessin, Années 1930 - Coll. MNS
3. A. Jouclard, Dessin au pastel, Années 1930 - Coll. MNS

 

Adrienne Jouclard nous rappelle que la passion pugiliste au féminin n’est pas récente. Son coup de pinceau nous apprend que c’est une histoire ancienne qui mérite d’être davantage connue.