A découvrir dans le parcours permanent
Découvrez l'histoire insolite, historique ou encore anecdotique, d'un objet emblématique du Musée National du Sport à travers le regard de Claude Boli, responsable scientifique du Musée National du Sport.
Les Anglais ont inventé les règles du football, les Français créé les compétitions majeures : Coupe du monde, Coupe d’Europe des Clubs Champions (Ligue des Champions) et l’Euro.
En 1956, l’hebdomadaire France Football lance le Ballon d’or (uniquement attribué à un joueur européen et évoluant en Europe). L’initiative s’inscrit dans l’esprit universaliste français consistant à promouvoir des idéaux à portée mondiale, remarquables dans le sport depuis Pierre de Coubertin, initiateur des Jeux Olympiques modernes (1896).
Carte postale du centenaire de Pierre de Coubertin, Années 1960, Coll. Musée National du Sport
Affiche France-Football, 1986, Coll. Musée National du Sport
L’idée du trophée émane de Gabriel Hanot, Jacques Ferran, Jacques de Ryswick, ceux-là même qui ont conçu la Ligue des Champions en 1955. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe se cherche des lieux de fraternité. Le football est un terrain propice de passions partagées et de reconnaissance sociale des joueurs. Le premier Ballon d’or revient à l’attaquant de Blackpool, Stanley Matthews, âgé de 41 ans ! L’Angleterre, terre de naissance du popular game et l’exemplarité du joueur (réputé pour son fair-play) sont honorées. A travers ce trophée représenté par un ballon doré de petite taille (moins de 20 cm de hauteur), l’excellence française en matière de joaillerie resplendit. La réalisation est l’œuvre de Mellerio, la célèbre maison parisienne d’orfèvrerie (établie dans la capitale depuis 1515). Les attaquants et les meneurs de jeu sont les plus récompensés. Le Russe Lev Yachine est l’unique gardien qui le reçoit (1963). Les joueurs des clubs dominants sont les plus titrés : FC Barcelone (12 fois, notamment avec Lionel Messi), Real de Madrid (11), AC Milan (8).
© Joaillerie Mellerio
Le Ballon d’or reflète une vision européocentriste, puisque ni le « Roi du football » Pelé, ni l’icône argentine Maradona n’ont reçu ce « graal ». Face à cette anomalie et portés par l’élan de la mondialisation, les organisateurs modifient le système d’attribution. Dès 1995, le trophée consacre le meilleur joueur évoluant en Europe, sans distinction de nationalité. L’avant-centre libérien du Milan AC, George Weah, devient le premier non Européen à soulever l’objet mythique.
Ronaldo premier vainqueur brésilien du trophée, reçoit la Ballon d'or en 1997 et en 2002 pour ses performances à l'Inter de Milan et au Real Madrid, Coll. Musée National du Sport
Jusqu’en 2009, le classement est effectué par des journalistes internationaux. Entre 2010 et 2015, la récompense devient momentanément la propriété de l’organe dirigeant du football mondial, la FIFA, qui élargit le jury de votants en ajoutant leurs membres, les sélectionneurs et capitaines des équipes nationales. En 2016, France Football reprend « son bébé » et les votants sont composés de nouveau uniquement de journalistes du monde entier. Le format du trophée et les élus évoluent. Depuis 1983, il mesure 31 cm de haut, 25.5 cm de large et 21 cm de profondeur, et est composé de laiton et de pyrite.100 heures de travail passées dans cinq ateliers différents permettent de créer ce chef d’œuvre de 15 kilos. Enfin, depuis 2018, le Ballon d’or sacre aussi la meilleure joueuse de la planète foot. Ada Hegerberg, l’attaquante norvégienne de l’Olympique Lyonnais est ainsi la première « reine » du ballon rond.
Ballon d'or France-Football, dépôt de L'Equipe © Musée National du Sport
